Vous êtes plutôt café wifi, coworking ou coffice ?

Un endroit sympa pour travailler oui, mais lequel ? Chez Ocalia, on fait partie des travailleurs nomades : on a nos habitudes à wereso, mais Cérice est un ancien encordé, et il nous arrive de nous retrouver chez Now coworking. Pour varier, on fréquente aussi les cafés-wifi, ou encore les coffices (avec un paiement à l’heure, buffet et boissons comprises – ex : Anticafé). Nous sommes allés à la rencontre des personnes derrière les comptoirs de certains endroits qu’on fréquente sur Lyon…et des personnes assises à côté de nous !

Nous n’avons pas choisi ces lieux au hasard. Nous avons ciblé ceux qui proposent plusieurs « fonctions » afin d’explorer la cohabitation entre les différents publics : salle de réunion, jeux de société et soirées, restaurant, espace résident, auberge de jeunesse viennent s’ajouter au coffee shop de chacun ! Donc, pas de d’espaces de coworking dans cet article. Enfin, si : rendez-vous dans les 3 derniers paragraphes, pour voir comment les offres se complètent d’après le petit sondage mené auprès des personnes présentes dans les 5 lieux visités lundi 5 mars 2018.

Notre panel se compose donc :

  • Le Slack
    Le Slack

    Du Slack : à côté de la place des Jacobins, en plein cœur de la presqu’île, ce coffee shop a ouvert en septembre 2015. L’idée du fondateur était de transposer le coffee shop de Nouvelle Zélande à Lyon : un endroit pour rencontrer des gens qui connaissent la ville quand on y arrive, en tant que touriste ou nouvel habitant. Sur 50m², il propose de la petite restauration à base de produits frais

  • Du Patchwork : un café wifi qui a ouvert en octobre 2016 dans le 7° sur plus de 200m², entre les arrêts Sans Souci et Garibaldi. Il propose de la petite restauration à base de produits frais (livraison tous les matins !) et des jeux de société en libre-service. Ouvert tous les jours de 10h à 23h, il propose souvent des blind test et quizz le soir, ou se rend complice des bureaux des étudiants voisins ! Les murs sont souvent habillés d’expositions, acceptées du moment qu’elles sont colorées 😉
  • Du Sofffa St Catherine : là, il ne s’agit pas d’un café wifi, mais d’un coffice (ou slow café, le terme utilisé par l’établissement). Le principe est celui d’un paiement à l’heure, qui donne accès à un buffet avec boissons chaudes, fraiches, petits encas salés et sucrés. Il dispose aussi d’un espace résident, pour les abonnés mensuels (avec bureau attitré). Au total, le lieu est installé sur 300m². Les murs servent souvent à exposer des œuvres, et en soirée, deux prestataires se charge de la programmation (projection de films, vernissages etc.). Il est également possible de le privatiser. Un autre Sofffa a ouvert à la Guillotière, tout proche de la piscine du Rhône et de l’Université (280m², avec le même fonctionnement et un espace résident également).
  • D’Away hostel : il s’agit d’une auberge de jeunesse qui a décidé d’ouvrir la salle de petit déjeuner à tous avec son offre de coffee shop (avec une tarification pour les clients de l’auberge moins chère) pour favoriser la rencontre entre les personnes de passage (qui loue des chambres) et les habitants du quartier. Il dispose aussi d’une salle de réunion/ espace de coworking…vide lors de notre passage ! Il semblerait que la salle commune ait plus de succès, la salle de réunion étant isolée. A noter que le concept est complété par un bar à cocktail en-dessous dudit coffee shop. Il s’agit de leur 2° établissement : le Slo, à la Guillotière, l’a précédé.
  • D’un siège à l’autre : il s’agit d’un petit café dans le 6° (30m²), à un jet de pierre des Brotteaux et de la Part-Dieu. Ici, pas de cuisine sur place, mais de délicieuses pâtisseries de chez Anaïs cookies et piece of cake, et une salle en location pour vos réunions d’affaire ou vos évènements (ex : dégustation et vente de vin) : 30m², équipée d’un rétroprojecteur, avec la possibilité d’aménager un coin cosy avec poufs et fat boy pour les séances créatives !

Quatre d’entre eux font expressément la promotion de la fonction « espace de travail » sur leur site internet : un endroit pour travailler chez D’un siège à l’autre, café working pour le Patchwork, coworking au Sofffa, un espace de travail pour le Slack. Mais les clients y viennent pour des raisons variées.

  • Les utilisateurs : petite analyse de sondage

Beaucoup d’utilisateurs des cafés-wifi étaient là pour déguster une boisson ou un encas, et certains se sont laissés distraire de leur travail par les jeux de société du Patchwork. Au Sofffa en revanche, tout le monde était là pour travailler (mais d’autres jours à l’heure du goûter, on y a déjà vu des amateurs de thé et de canapé vintage).

Patchwork - la mezzanine
Patchwork – la mezzanine

Pour ceux qui viennent travailler, ils cherchent à sortir du cadre habituel, qui peut être le domicile, la bibliothèque, un autre café-wifi. On a rencontré beaucoup d’étudiants (notamment au Patchwork, mais aussi au Sofffa Ste Catherine et au Slack), des indépendants ou créateurs d’entreprises, et 2 télétravailleurs aussi ! Des allemandes, américains et une italienne ont été repérés à Away hostel et au Slack : la fonction auberge de jeunesse du premier et la proximité d’une école d’apprentissage de la langue française pour le second expliquent ces rencontres.

En général, les « travailleurs » restent ½ journée (cafés wifi ou coffice), le temps de prendre un ou 2 cafés (et parfois une pâtisserie !). Ils sont plusieurs à spontanément mentionner qu’en cas d’affluence, ils ferment leur ordinateur pour aller ailleurs, afin de ne pas déranger (et être dérangé !). D’ailleurs, certains au Sofffa privilégie ce lieu pour cette raison : pas de sentiment de culpabilité ni besoin de consommer, tout est compris dans le forfait. La cohabitation entre clients « détente » et clients « travailleurs » se passe donc bien : à quelques exceptions prêt, les travailleurs n’abusent pas en évitant de venir sur les horaires de repas ou le soir. Cette observation implique donc que dans les lieux proposant de la restauration, les clients qui viennent manger et ceux qui viennent travailler ne sont pas les mêmes ! Proposer du wifi et une ambiance de travail peut donc permettre d’élargir sa clientèle.

Il n’en demeure pas moins que les « travailleurs » sont de « petits » clients pour les cafés wifi : leur consommation sont faibles pour un temps d’occupation des tables important. Mais le fair-play dont ils font preuve en fait aussi une clientèle sympathique : ils « jouent le jeu » selon les personnes qui tiennent les cafés. Par ailleurs, les travailleurs sont parfois des prescripteurs : venus travailler en semaine, ils reviennent avec 3 amis le dimanche pour le brunch. Et là, c’est une opération gagnante pour l’établissement.

Reste que tout lieu ne peut à priori pas devenir un espace de travail : les bars avoisinants ceux cités dans cet article ne voient pas fleurir d’ordinateurs portables sur leurs tables. Alors, on a cherché à savoir pourquoi les personnes présentes venaient (et revenaient) dans ces espaces.  Il y a les impondérables (et implicites) :

  • Une connexion wifi (qui ne plante pas s’il vous plait…)
  • Des boissons chaudes (avec des tableaux explicatifs, coffee shop oblige : c’est tout un art, le café !)
  • Des encas de qualité, locaux, éthiques et écolo si possible (avec un partenariat avec too good to go pour D’un siège à l’autre dans la même logique)
  • De quoi s’assoir et poser son ordinateur (et le brancher !)

Vous me direz : pourquoi avoir mis l’évidence (des tables et des chaises) en dernier ? Parce que le mobilier, ça fait toute l’ambiance des lieux. Et quand on demande aux personnes présentes « pourquoi venir ici plutôt qu’ailleurs ? », l’ambiance est ex-aequo avec la localisation (j’habite à côté).

Les mots et expressions qui reviennent souvent pour décrire ce critère pour le choix des établissements sont « comme à la maison », « cosy », « sympa ». Les tendances observées qui expliquent ce sentiment sont notamment :

  • Un mix entre chaises et fauteuils ou canapés, pour s’adapter à toutes les envies et s’installer confortablement
  • Des décorations inspirées : épurée, et scandinave à Away hostel et d’un siège à l’autre, cosy et bohème, avec des murs ou des meubles colorés au Sofffa, Patchwork et Slack.
  • La musique a aussi son importance : des artistes peu communs, avec des tempos et un niveau sonore compatibles avec une activité professionnelle. Monter le son en fin de journée est la technique utilisée au Patchwork pour indiquer la fin de la journée de travail et l’heure de la bière !

A noter qu’au Sofffa, les meubles viennent de chez Emmaüs : une tournée régionale des magasins avec 2 camions, l’œil de la décoratrice et co-fondatrice et tadam !

Une autre question qu’on a posé aux personnes travaillant dans les 5 lieux est celle du choix du café-wifi/ coffice par rapport à un coworking, notamment pour ceux qui viennent régulièrement. Si les utilisateurs du Sofffa connaissent les espaces de coworking, c’est beaucoup moins le cas dans les cafés-wifi. Et pour ceux qui ont choisi le café-wifi, ils ne fréquentent pas les espaces de coworking ou coffice à cause du prix. La flexibilité est également évoquée : ainsi, bien que l’utilisation nomade des espaces de coworking soit possible, ils sont perçus et connus pour leurs offres « résidentes » (abonnement mensuel). Ce qui, pour des indépendant dont l’activité fluctue, n’est pas adapté.

Un article de deskmag porte sur de nouveaux entrants sur le marché des espaces de travail partagés, qui cherchent à réunir les concepts de café-wifi et coworking. Le principe ? un forfait (mensuel pour la plupart, journalier pour certaines plateformes) qui donne accès à différents lieux affiliés (hôtels, cafés), du café et du thé à volonté, du wifi haut débit et des salles de réunion. Il s’agit donc « d’officialiser » la fonction d’espace de travail pour des lieux qui n’en sont pas. Certains lieux qui ne sont pas encore ouverts à cette clientèle pourraient l’envisager s’ils sont rémunérés de cette façon. Mais pas sûr que les utilisateurs des cafés-wifi, pour qui le prix est un vrai critère, soient séduits en-dehors des grandes villes pour l’instant concernées (New-York, San Fransisco, Londres, Boston, Amsterdam, …). La cible semble donc plutôt être les utilisateurs de coworkings, avec comme but d’offrir un abonnement défiant les prix de ce marché (environ 100€/mois, contre près du triple en espace de coworking). Mais comme le souligne deskmag, la communauté à laquelle on accède dans un espace de coworking est ici délaissée au profit d’une approche d’optimisation de l’utilisation de l’espace libre en ville et de prix.

Avec la plateforme Gowo (développée dans le cadre du projet INTERREG France-Suisse GE-Network – en cours de test), le parti pris est différent : l’objectif est d’inciter les lieux qui ont déjà du personnel posté pour l’accueil (cafés, hôtels etc.), d’accueillir les travailleurs en proposant une connexion wifi et en promouvant cette fonction via la plateforme, dans un format libre, mais à priori plutôt café wifi. Cela devrait leur permettre d’élargir leur clientèle, et pour les utilisateurs, de bénéficier d’un réseau maillé d’espaces pour travailler (à côté de chez eux, entre deux rendez-vous professionnels, à côté de l’école des enfants…). Vu les résultats de notre petit sondage, ces utilisateurs pourraient être de « nouveaux » nomades : étant donné que les utilisateurs des cafés wifi connaissent assez peu les coworkings, l’ouverture de nouveaux lieux devrait étendre la communauté des « flex jobeurs ». Par ailleurs, Gowo offre des fonctions de réseau social qui viennent palier l’absence d’animation spécifique dans les cafés wifi : en utilisant cette solution, les utilisateurs ont l’opportunité d’entrer en contact avec l’ensemble des flex jobeurs du territoire, et de savoir où il se trouvent (fonction de géolocalisation – laissée à l’appréciation de chacun) pour les rencontrer autour d’un café si besoin.

Et vous, où aimez-vous travailler, et pourquoi y (re)venez-vous ?

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