En 2018, le réseau des espaces de coworking wallons « Coworking|Digital Wallonia » (www.cowallonia.be), coordonné par l’Agence du Numérique, est passé de 8 à 21 espaces répartis dans toute la Wallonie. Soutenus par le Ministre de la Ruralité dans le cadre d’un appel à projets pilote leur octroyant une subvention sur 3 ans, les 13 nouveaux espaces wallons ont été créés en milieu rural et semi-rural.
Ocalia intervient depuis mars 2019 auprès de l’Agence du Numérique wallonne pour apporter un soutien au démarrage de ces espaces ruraux et pour favoriser leur intégration dans le réseau Digital Wallonia. Il s’agira également d’évaluer les résultats de l’appel à projets au terme de la période de financement.
Le coworking, et plus généralement les nouvelles formes d’immobilier collaboratif, connaissent aujourd’hui une croissance très importante et se généralisent au-delà des territoires urbains. De 9.000 espaces en 2015, Deskmag en recense plus de 19.000 en 2018 et la part du flex-office dans l’immobilier d’entreprise est en forte progression. En parallèle, le télétravail progresse aussi très rapidement en Belgique et 64% des travailleurs belges aimeraient effectuer 1 ou 2 jours de télétravail par semaine (Etude Acerta).
Nous menons donc cette mission avec un regard attentif au contexte sociétal d’évolution du coworking, aux enjeux du marché de l’immobilier collaboratif ainsi qu’en prenant en compte les spécificités des modèles économiques du coworking aux échelles urbaine, périurbaine et rurale … Car on sait que l’émergence des lieux de travail partagés repose sur des modèles économiques différents en fonction des contextes dans lesquels ils s’inscrivent. Deskmag évalue à 20% le nombre d’espaces de coworking profitables dans les territoires sous le seuil de 20.000 habitants. Plus le potentiel d’utilisateurs s’avère faible, plus les leviers économiques pour viabiliser les projets se trouvent autour de la mutualisation et de la diversification de l’offre de services.
Dans ce contexte, les espaces de coworking ruraux font donc face à plusieurs défis :
- Comment se distinguer parmi l’offre immobilière croissante ?
- Comment répondre aux besoins des usagers potentiels pour rencontrer/susciter la demande ?
- Comment (éventuellement) attirer les télétravailleurs salariés (de 12% en 2017 les coworkers salariés du réseau Digital Wallonia représentent désormais 18% des utilisateurs), un potentiel de croissance pour les communautés de coworking rurales (où le nombre de navetteurs est souvent important), et comment convaincre les employeurs d’utiliser les espaces de coworking dans leur politique de télétravail ?
- Comment pérenniser leurs activités dans des territoires avec des potentiels d’utilisateurs moins importants qu’en ville ?
- Quelle communication mettre en œuvre à l’égard de publics qui ne sont pas homogènes et ne partagent pas nécessairement les mêmes attentes : indépendants, TPE, porteurs de projets d’un côté et salariés, publics nomades de l’autre (mais ces derniers sont-ils intéressants pour « nourrir » une communauté ?)
A l’échelle du réseau wallon, certaines réponses sont à trouver dans les piliers qui structurent l’action Coworking|Digital Wallonia depuis 2011 (Work – Learn – Connect) et qui permettent d’assurer une qualité de service uniforme dans l’ensemble des espaces membres (https://www.cowallonia.be/notre-conception-du-coworking/).
A ce stade de notre mission d’accompagnement, la plupart des espaces sont encore aux premières étapes de leur développement. Il est trop tôt pour dire si les piliers du réseau devront évoluer mais force est déjà de constater qu’au-delà du plus petit dénominateur commun que constitue l’offre de coworking, ils sont nombreux à vouloir diversifier leurs actions pour répondre aux besoins de leurs utilisateurs ou tout simplement pour recruter la communauté d’utilisateurs qui leur fait encore défaut. Et la question des tiers-lieux, encore mal maîtrisée en Wallonie, de revenir régulièrement : c’est quoi un tiers-lieu ? Est-ce que mon coworking est un tiers-lieu ? Comment développer un tiers-lieu ?
Il est certain que l’action pilote de soutien au coworking rural peut permettre (nous l’espérons) de contribuer aux réflexions de la Région et de son nouveau gouvernement autour des tiers-lieux, réflexions qui sont aujourd’hui plutôt nourries par des expériences urbaines (le Trakk à Namur, A6K-E6K à Charleroi, bientôt la Grand-Poste à Liège …).
Bref, une mission passionnante que nous mènerons jusqu’à la fin 2020, et qui vient consolider notre expertise sur les tiers-lieux, notamment en territoire rural et péri-urbain, et dont nous serons ravis de partager les développements successifs et les résultats !