Le 14 octobre prochain, les électeurs belges se choisiront leurs nouveaux mandataires communaux. A quelques jours du scrutin, on peut s’interroger sur la place que prend le développement numérique des territoires dans le projet politique des différents candidats aux “pouvoirs locaux”. Il y a du numérique dans les campagnes de communication, ça, bien évidemment. Les listes sont présentes sur les réseaux sociaux et de nombreux candidats, jeunes et moins jeunes, ont fini par monter dans le train de la communication digitale, passage obligé pour partager leurs idées. … Partager leurs idées, mais aussi récolter celles de leurs concitoyens par des appels à projets et autres consultations pour nourrir leurs programmes … gageons d’ailleurs que cela puisse aboutir à des formes plus durables d’e-gouvernance ! A quand un budget communal participatif ?
Mais que faut-il pour développer son territoire grâce au numérique ? Et bien avant tout, des infrastructures et de la connectivité ! Et là il y a un vrai sujet pour les candidats sur de nombreuses communes, particulièrement en milieu rural où subsistent toujours des zones peu ou mal couvertes en débit, voire pas du tout. Incroyable en 2018, non ?! Le morcellement des compétences entre le fédéral et la région ne facilite peut-être pas le dialogue avec les opérateurs… passons !
Autre sujet assez tendance ces derniers mois : le coworking. A écouter les candidats, on s’imaginerait presque l’ensemble du territoire couvert par des espaces de travail partagé. C’est un bon signal pour repenser la mobilité des travailleurs mais cela devra passer à la fois par de la coordination afin que tous les nouveaux lieux forment un réseau maillé et par une réflexion de fond sur le modèle économique pour qu’ils soient pérennes … Tout ça présuppose des réponses régionales et fédérales, notamment en matière de dialogue avec les employeurs pour favoriser le télétravail des salariés dans ces nouveaux lieux qui pour l’instant accueillent surtout des indépendants.
Des réponses régionales et fédérales à propos du développement numérique des territoires… on peut en trouver certaines dans les stratégies adoptées à ces niveaux de pouvoir durant la mandature qui se termine : Digital Belgium et Digital Wallonia, qui “fixe le cadre et les priorités pour la transformation numérique de la Wallonie”. A l’échelle locale, force est toutefois de constater que les déclinaisons de ces stratégies sont quasi inexistantes même si quelques grandes villes se questionnent sur leur intelligence… cette fameuse Smart City que l’on ferait bien de bannir de notre vocabulaire pour lui préférer Smart Territoire ou tout simplement intelligence collective et enfin espérer que nos mandataires locaux comprennent l’intérêt d’inscrire le numérique comme une composante de leur stratégie de développement local !
Car oui, le numérique impacte aujourd’hui l’ensemble des domaines de compétences des pouvoirs locaux et le développement économique et social d’un territoire passe par de nouveaux outils … pour soutenir le développement économique par la mise en réseau des acteurs, pour promouvoir de nouvelles formes de travail grâce aux espaces de coworking, pour développer de nouveaux modes de production grâce à la fabrication additive, de nouvelles formes de commercialisation sur le web pour les entreprises locales, pour promouvoir l’attractivité touristique avec une plateforme de réservation en ligne et des outils connectés de découverte du territoire, pour faciliter le travail des agriculteurs en automatisant certaines tâches, pour signaler un dépôt sauvage d’immondices, pour maitriser les coûts énergétiques de son habitation ou des bâtiments publics avec la domotique, pour consulter son médecin à distance, pour faciliter la mobilité des habitants… Les exemples sont légion !
Mais attention, le numérique ne résout évidemment pas tout et reste un outil au service d’un projet de développement qui se doit de répondre aux besoins spécifiques d’une commune et de ses habitants … tout en ne laissant personne de côté … La fracture numérique et l’illectronisme sont des réalités face auxquelles seul un travail de médiation et de proximité peut se dresser … et ce travail de proximité, il se passe à l’échelle locale !
Alors, mesdames et messieurs les candidats, on revoit sa copie, son programme, on se dote d’une stratégie numérique locale ?