Bergerades, un projet de revitalisation territoriale entamé il y a 40 ans !

Chez Ocalia, on a souvent l’occasion de rencontrer des porteurs de projet qui donnent envie, qui inspirent, qui font réfléchir. L’exemple qu’on aimerait partager avec vous aujourd’hui, c’est celui de Bergerades.

Nous avons rencontré cette association dans le cadre d’une mission d’accompagnement du projet Lieux d’interconnexion et d’émergence de nouvelles dynamiques territoriales, cofinancé par le FEDER du POP Massif Central. Bergerades fait partie des 5 partenaires du projet, qui vise à expérimenter des mesures de soutien à l’émergence de LIEN (dont l’objet et les méthodes recoupe en grande partie les tiers-lieux d’activité : atelier partagé, fablab…).

Dans les années 70, 7 jeunes ont voulu faire revivre une filature de laine dans en Ardèche, dans le secteur de St Pierreville. Le territoire est alors en déprise démographique et économique. Et les éleveurs ardéchois jetaient la laine faute de filature ! Le groupe réhabilite les bâtiments, apprend les métiers et fonde la SCOP Ardelaine en 1982. Ardelaine a pour projet de restructurer la filière laine locale de la tonte des moutons à la commercialisation des produits finis, en utilisant des procédés respectueux de l’environnement.

Les activités vont se diversifier au cours du temps. Dans les années 90-2000, elles sont étendues au tourisme : un musée est créé, pour faire découvrir les métiers de la transformation de la laine. Cette activité attire chaque année 20 000 visiteurs : belle performance pour un village qui compte 548 habitants ! Dans les années 2000-2010, un atelier de transformation alimentaire partagé voit le jour. Il permet aux particuliers de transformer leurs récoltes, aux professionnels de réaliser des bocaux… L’atelier est géré par l’association Bergerades, dont les protagonistes sont 5 des mêmes qu’aux débuts d’Ardelaine.

Leur histoire est inspirante à plusieurs égards. La complémentarité des profils et la bonne entente dans l’équipe d’abord, car le développement local est souvent lié aux compétences des porteurs de projets, aux relations interpersonnelles et à leurs convictions. Leur capacité à faire rebondir le projet ensuite, à lui donner de l’élan sur la durée, en requestionnant les besoins locaux régulièrement pour identifier les leviers de développement. Ces « paliers » correspondent souvent aux durées des prêts bancaires, ce qui permet d’éviter une « fuite en avant », tout en gardant une démarche résolument expérimentale : l’atelier de transformation alimentaire est ainsi un des seuls en France à proposer la transformation de produits à la fois carnés et non carnés !
La diversité des activités et des sources de financement enfin leur assure une autonomie et un équilibre budgétaire. Car si le but n’a jamais été de faire des bénéfices, l’équilibre est nécessaire pour…exister tout simplement ! Leur longévité est une preuve que leur approche par le terrain et par le test peuvent produire des résultats concrets en territoire rural enclavé.

Dans le cadre du projet LIEN, ils ont reconduit un travail de concertation avec les acteurs locaux, qui leur a permis d’identifier des pistes de développement futur : la transmission des savoirs (notamment les compétences rares, en développant la formation, les ressources en ligne, les échanges entre acteurs…) et l’hébergement temporaire/ passerelle. L’hébergement permettrait notamment aux salariés de la SCOP venant s’installer (60 salariés aujourd’hui) de trouver un logement, le parc locatif local étant très restreint, et ne répond pas à des critères écologiques auxquels beaucoup aspirent en venant travailler à la SCOP. Il pourrait également répondre aux besoins des touristes de passage au musée et aux stagiaires (notamment si une activité de transmission des savoirs est mise en place) : il n’existe en effet pas de gîte de groupe ou équivalent. L’installation en centre du village est souhaitée, pour un impact positif sur les commerces de proximité (boucherie, restaurants).

Une belle aventure … qui en appelle encore bien d’autres !

 

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